Pédiatrie en Drôme-Ardèche
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Atelier parental "Les grandes étapes du développement de l'enfant de 0 à 5 ans"

Centre Socio-Culturel Le Ricochet - Valgorge - 09.11.22

 

Chaque période peut être analysée sous l’angle des grands domaines du développement

  • développement posturo locomoteur et motricité globale
  •  coordination oculo-manuelle et motricité fine
  •  langage et communication
  •  compétences sensorielles
  •  développement affectif, comportement relationnel et social

 

IL ÉTAIT UNE FOIS… LA GRANDE AVENTURE DU JEUNE ENFANT (0-5 ANS)

 

1 - De 0 à 4 mois : La découverte d’un Nouveau Monde

Lorsque l’enfant parait… Le bébé c’est : Christophe Colomb

 

Il débarque en terre inconnue mais heureusement deux guides indigènes vont lui porter assistance : Papa et Maman.

Ils connaissent le terrain, les us et coutumes, la langue locale, où dormir, prodiguent nourriture et sécurité.

La priorité : acquérir des informations.

Les dominantes de la période : développement des compétences relationnelles et développement sensoriel.

Un outil neurobiologique pour développer les relations affectives et sociales : l’ocytocine.

 

A la naissance, la fée Ocytocine se penche sur le berceau et prodigue ses bienfaits.

L’ocytocine, hormone hypophysaire fut  découverte en 1906 en premier lieu dans le contexte de l’accouchement et de l’allaitement (contractions utérines et éjection du lait) Ainsi la première mise au sein en salle de naissance favorise l’expulsion du placenta et l’arrêt du saignement utérin parallèlement au démarrage de la lactation.

 

Mais l’ocytocine a aussi des effets neurobiologiques sur les comportements relationnels et sociaux.

Elle diminue le stress, rapproche les êtres, favorise l’empathie, réduit l’anxiété et l’appréhension sociale, renforce le lien parental (le maternage étant petit favorise un comportement maternel à l’âge adulte)

Le père sécrète de l’ocytocine quand il joue et stimule son enfant affectueusement, il a les mêmes capacités d’affection que la mère.

 

En outre, l’ocytocine déclenche la sécrétion d’autres neurotransmetteurs : dopamine, endorphines, sérotonine.

La dopamine active le système motivation /récompense, la créativité, la curiosité et joue un rôle dans l’attachement.

Les endorphines soulagent la douleur, diminuent l’anxiété, la peur, donnent du bien-être et accroissent l’attachement. Elles sont sécrétées lors de contacts agréables, chaleureux, affectueux.

La séparation mère-nouveau-né entraine une chute brutale de l’ocytocine et des endorphines.

La sérotonine stabilise l’humeur et réduit l’agressivité, favorisant la construction de bonnes relations sociales.

Elle dépend de la qualité de nos relations humaines.

Le stress aux premiers âges de la vie endommage le système sérotoninergique du cerveau (séparation maternelle, privation affective)

 

Le développement sensoriel :

Les échanges et en premier lieu le toucher entraine la sécrétion des molécules du bien-être (contact tendre, peau à peau) Ceci est particulièrement important pour les plus vulnérables : prématurés, mère dépressive.

L’olfaction joue également un rôle dans la perception de l’environnement et se développe rapidement. Le nouveau-né reconnait l’odeur de sa mère, du lait maternel, de l’environnement familial. Il apprécie l’odeur de vanille, de banane, les substances odorantes passées dans le liquide amniotique (les épices propres à chaque culture culinaire)

Il grimace à l’odeur de crevette, d’œuf pourri, d’ammoniac.

Dès 6 mois in utero, le fœtus déglutit le liquide amniotique qui est sucré et salé. Le goût pour le sucré est prédominant à la naissance et les solutions sucrées sont utilisées comme antalgique lors des soins. Le goût pour le salé augmente plutôt vers 4 mois. L’amer est répulsif. L’acide, l’umami provoquent des réactions intermédiaires.

La vision : à la naissance, le bébé est très « myope », il voit bien à 20-30 cm. La distance du visage de l’adulte qui le prend dans ses mains. S’il n’est pas parasité par la faim, le sommeil, l’inconfort, les échanges peuvent être intenses et prolongés : expressions, regards, mimiques, sourires, pleurs ou grimace associés à l’échange de sons et à la qualité du toucher, de la posture. Il ne reconnait pas les couleurs mais est sensible aux contrastes : blanc/noir, couleur vive ou sombre/couleur claire.

Un strabisme intermittent peut exister car le nouveau-né ne coordonne pas encore la vision de ses deux yeux.

C’est vers 4-5 mois qu’il acquiert la vision binoculaire et la perception du relief.

En lien avec l’audition, il acquiert la notion d’espace : les sons et les images varient en fonction de la distance. Il passe de la 2D à la 3D. L’audition in utero débute entre la 26e et la 28e semaine de la grossesse. Il est sensible à la musique, à la voix de ses parents qui sera un élément connu donc sécurisant après la naissance.

 

2 – De 4 mois à 1 an : La Conquête de l’Espace

 

« Un petit pas pour un homme, un grand pas pour un petit bébé »…

Le bébé devient : Neil Armstrong

 

Le développement de la préhension au contact puis à vue va permettre d’explorer l’espace de proximité.

La coordination œil-main-bouche enrichit les expériences sensorielles :

Je vois (en 3D) [la vue], j’oriente mon geste…

J’attrape [le toucher], j’apprécie la texture, la température, le bruit quand je secoue [l’audition], le volume, le poids…

Je porte à ma bouche, je sens [l’olfaction] et je goûte [le goût] et je complète les informations tactiles et auditives (le craquant).

La combinaison des sensations permet une identification globale, la perception de l’une permettra d’évoquer les autres : si je sens l’odeur d’une poire, je peux en imaginer l’image, le goût, la texture.

La préhension s’affine : toucher pour faire bouger les accessoires d’un portique, ratissage puis préhension à pleine main, puis pince fine pouce-index vers 8-9 mois. Il commence alors à passer les objets d’une main à l’autre puis peut prendre un objet dans chaque main.

 

Les progrès sur le plan posturo-locomoteur, c’est la conquête de l’espace vertical : tenue de tête, station assise, station debout et de l’espace horizontal : retournement, ramper, 4 pattes, marche debout avec appui puis libérée.

 

La conquête de l’espace relationnel par le développement des compétences affectives et sociales.

Les vocalises (voyelles puis consonnes) sont les premières étapes du langage oral donc de la communication verbale.

L’empathie cognitive amène à comprendre les intentions de l’autre et l’empathie affective à partager les émotions d’autrui.

L’attention conjointe facilite les apprentissages par l’imitation et la relation.

La prise de conscience de son identité et de sa singularité apparait ainsi que l’angoisse à l’étranger. L’attention et l’affection prodiguées à l’enfant favorisent le bon développement de son cerveau et les apprentissages.

 

3 - De 1 à 3 ans : La Guerre d’Indépendance                         

 

Le bébé devient : La Fayette ou Georges Washington                   

Car les dominantes sont : l’autonomie, l’opposition et le développement du langage.

 

L’autonomie par le perfectionnement de ses capacités locomotrices et gestuelles.

De 1 à 2 ans, Il peut marcher, courir, sauter, taper dans un ballon, grimper, monter puis descendre les escaliers, utiliser des jouets porteurs.

La motricité fine progresse, le petit enfant enrichit ses jeux et apprend par imitation. C’est l’âge de la curiosité et de l’exploration. Des « bêtises » et des accidents domestiques diront les adultes, de « la méthode scientifique expérimentale par essais et erreurs » pour les enfants ! Par sécurité, il vaut mieux que ce soient les parents qui soient « les directeurs de recherche du laboratoire » que le jeune apprenti sorcier ou apprentie sorcière !

Le jeu est une activité capitale pour les apprentissages.

 

La phase d’opposition :

NON ! Un mot essentiel dans le vocabulaire de cet âge. Mais pourquoi tous les enfants de cet âge disent-ils NON ?

En fait il ne signifie pas forcément un refus

Le NON a en réalité plusieurs fonctions :

1 – Le NON « identité »

Depuis la fin de la première année, l’enfant prends conscience de son identité : le premier NON sert à marquer sa différence, si on est du même avis, on ne se différencie pas. Le premier NON signifie : Je suis MOI.

2 – Le NON « imitation »

Cette période féconde d’explorations et d’expériences sans notion du danger va entrainer des refus et des interdictions de la part des adultes. « Fais pas ci, fais pas ça » Le monde des adultes est peuplé de NON !

Si être grand, c’est le pouvoir de dire NON ! J’ai envie d’être grand, je dis NON comme eux puisque j’apprends par imitation…

3 – Le NON « autorité »

L’enfant est centré sur lui-même, ses désirs. Si je dis NON ! finirais-je par avoir gain de cause ? Mais enfin, qui commande ici !

4 – Le NON « occupe -toi de moi »

Si je refuse de faire ce à quoi mes parents tiennent, ils vont passer beaucoup, beaucoup de temps avec moi pour me convaincre ou m’obliger. Et je les adore !

Exemple : le refus de manger.

Si je mange directement ce qu’ils me proposent, le repas est court. Mais si je refuse, c’est une expérience très enrichissante. Comme ils tiennent à ce que je mange sans forcément se soucier de ma faim ou non, ils vont déployer des trésors d’imagination pour me distraire, me faire jouer. Ou me proposer des tas d’aliments différents pour me séduire. Ce n’est plus un repas ordinaire mais « Cabaret » : diner-spectacle et menu à la carte, une expérience à renouveler ! Mais si cela finit en « cris et châtiments, cela me coupera l’appétit (l’envie de manger) même si j’avais faim au départ (le besoin de manger) L’acte alimentaire nécessite le besoin de manger et/ou le plaisir de l’aliment et/ou la convivialité du repas.

Du point de vue des parents, un enfant qui refuse de manger c’est inquiétant :

1 – Mon enfant est-il malade ? Les maladies infantiles s’accompagnent fréquemment d’une perte d’appétit.

2 – Mon enfant m’aime-t-il ? Pourquoi refuse-t-il la mousseline de courgettes « bio » avec des fines herbes, du jambon haché et une noisette de beurre amoureusement préparée par Papa ou Maman ? Blessure narcissique ! Finalement il a mangé la crème au chocolat du commerce, c’est mieux que rien, tant pis.

3 – Que va dire l’entourage ? « Regarde ton bout de chou, il n’a pas voulu des légumes, déjà qu’il n’est pas épais, donne-lui un 2ème dessert… » Merci pour le sabotage des acquisitions éducatives !

 

Le développement du langage

Premiers mots vers 12 à 16 mois, comprends plus de mots qu’il n’en dit, puis exécute des consignes simples.

Désigne ce qu’il connait sur un livre d’images, montre différentes parties de son corps.

Associe 2 mots entre 18 mois et 2 ans. Entre 2 et 3 ans, enrichit son vocabulaire, fait des phrases de plusieurs mots, exécute des consignes en 2 étapes, comprend des histoires simples dans les livres.

 

4 – De 3 à 5 ans : L’avènement de l’empire américain : la phase de toute puissance

 

« Je veux faire comme j’ai envie et comme j’ai décidé »           

Le bébé, c’est Uncle Sam

 

Autour de 3 ou 4 ans, certains enfants ont une sorte de « petite crise d’adolescence ». Votre tout-petit peut se mettre à argumenter et à remettre en question les règles au quotidien.

Ces comportements s’expliquent par le fait que l’enfant parle beaucoup mieux qu’avant. Il est capable de mettre des mots sur ses goûts, ses préférences et ses envies. Et il devient plus habile pour négocier afin d’obtenir ce qu’il souhaite ou désire.

Il a envie de faire les choses par lui-même

Toutefois, il est encore maladroit pour certaines tâches et il a souvent besoin de votre aide (ex. : pour s’habiller). Cela peut entraîner des frustrations puisque son envie d’autonomie est plus grande que ce qu’il est capable de faire

Il comprend les règles et les consignes, mais il ne les respecte pas toujours.

Il peut aussi lui arriver de vouloir changer les règles d’un jeu, surtout quand il perd. Ou encore de continuer à jouer, alors que vous lui avez demandé de ranger. Quand il remet en question les règles d’un jeu ou de la maison, dites-lui pourquoi les règles sont nécessaires. Il comprendra ainsi les raisons qui les justifient.

Il négocie ou teste les limites lorsque vous lui faites une demande.

Ne cédez pas devant ses comportements et maintenez vos limites avec constance. Votre tout-petit comprend ainsi qu’elles sont importantes pour vous. De plus, le fait que les règles ne changent pas est rassurant pour lui. Pour obtenir l’attention de votre enfant, mettez-vous à sa hauteur et regardez-le dans les yeux pour lui parler.

Ces comportements diminuent habituellement vers 5 ou 6 ans, quand votre enfant comprend un peu mieux que les règles sont nécessaires pour mieux vivre ensemble, que ce soit en famille, à la garderie ou à l’école.

 

Le développement affectif permet à l’enfant de comprendre, d’exprimer et de gérer les émotions qu’il ressent à mesure qu’il grandit. Dans ses relations avec son entourage, l’enfant développe aussi sa capacité à reconnaître et à interpréter les émotions des autres, ce qui l’aide à tisser des liens avec les gens qui l’entourent.

 

Nous remercions infiniment le Dr Gilles Pierre, pédiatre à Romans, ancien chef de service, pour la qualité de sa présentation mêlant tant humour que bienveillance et accompagnement du parent en prenant les neurosciences comme support

Dernière modification le 21/07/2024 à 13h10

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